Méconnu en France, le Roller Derby fait pourtant fureur outre-atlantique tandis que l'Europe tombe également sous le charme. Zoom sur cette discipline spectaculaire avec la fondatrice des Dirty Pussy de Rochefort.
Qu'est-ce que c'est ?
Le roller-derby a pour ancêtre une course d'endurance pratiquée dans les années 1930, et peu attractive pour les spectateurs. Léo Seltzer, fondateur de ce jeu, comprend cela et introduit le contact dans la discipline. Après un plein essor dans les années 1960, le sport perd de sa notoriété dans les années 1970. Ce sera pour mieux renaître dans les années 2000, à Austin, au Texas. La discipline revêt alors un aspect mondial, avec une pratique croissante en Australie, au Japon, en Belgique, au Canada, en Allemagne, en Irlande, au Pays-Bas, en Nouvelle-Zélande, en Suisse, en Suède, au Royaume-Uni et en France. A tel point qu'en 2011 a lieu la première Coupe du Monde de roller-derby, à Toronto.
Deux équipes de cinq joueuses – une "jammeuse", trois "blockeuses" et une pivot - s'opposent dans une course de contact, juchées sur des quads. Le match se déroule sur un circuit ovale, le rink. Celui-ci dure 1h (deux fois 30 minutes) et est divisé en "jams", qui sont des périodes de deux minutes pendant lesquelles chaque équipe essaie de marquer des points. Pour ce faire, les "jammeuses" passent le pack (les "blockeuses" et le pivot), ce qui leur permet de marquer un point dès qu'elles passent en toute légalité une "blockeuse" adverse.
Au-delà du côté sportif et combatif de la discipline, le roller-derby est un réel spectacle et puise ses valeurs dans des mouvements comme le rock, le punk ou le DIY (Do It Yourself). Les tenues des sportives sont ainsi influencées par la mode pin-up, punk et rockabilly: mini short, bas résille, voire tatouages. Le monde des films d’horreur est également omniprésent. Les noms des équipes ou les pseudonymes utilisés par les joueurs gardent les traces de cette culture et des origines américaines du roller-derby. Le contact, le spectacle, les pseudos ne sont pas non plus sans rappeler le catch. Il est aussi empreint de féminisme, et ce côté "girl power" explique que ce sport soit aujourd'hui devenu quasiment exclusivement féminin. Le Women's Flat Track Derby Association (WFTDA) coordonnent ainsi le réseau de sportives.
En France
Le roller-derby est actuellement en pleine expansion, et notamment en France. Ce jeu spectaculaire dans tous les sens du terme séduit de plus en plus de pratiquant(e)s et de spectateurs. En 2009, la ligue bordelaise est la première équipe française: les Petites Morts ouvrent donc la voie à la quarantaine de ligues et aux centaines de joueuses aujourd'hui présentes dans l'Hexagone.
A noter que les clubs français évoluent sans subvention, le roller-derby n'étant pas encore considéré comme un sport.
Dans le département
En Poitou-Charente, le roller-derby est bel et bien ancré. Les Brain Damage ont fait irruption au sein de l'association des Patineurs d'Angoulême dès septembre 2011. Les Holy Sluts de Poitiers ont suivi en novembre 2011, alors que les Ang'Elles niortaises ne se sont créées qu'en 2012. En revanche en Charente-Maritime la discipline pointe tout doucement le bout de son nez. Les Dirty-Pussy de Rochefort sont précurseurs et tentent de se développer même tout n'est pas simple comme l'explique Mallory, qui est à l'origine de ce projet. Aujourd'hui les Dirty Pussy se structurent avec un coach (Guillaume Guittoneau), un webmaster et une infographiste. Composée d'une dizaine de courageuses, l'équipe cherche toutefois toujours de nouvelles adeptes prêtes à en découdre. Afin de se développer, les Dirty Pussy sont à l'écoute de toutes propositions venant d'autres fédérations (hockey, roller) mais souhaitent avant tout conserver leur liberté. "Nous refusons de nous faire aider par un club où nous perdrions notre liberté. Je tiens vraiment à ce que l'on choisisse notre nom et notre tenue, c'est très important en roller-derby", explique la jeune femme, très déterminée.
Alors, les filles sont devenues adeptes de la débrouille pour monter ce projet sportif. Elles inondent par exemple la Charente-Maritime de flyers et affiches. Les entraînements ont lieu pour l'instant sur des parkings - preuve s'il en est de leur motivation - les Dirty-Pussy n'ayant pas de salle à leur disposition, contrairement, par exemple au Brain Damage d'Angoulême. Une équipe qui a par ailleurs beaucoup aidé les Rochefortaises notamment lors du stage régional du 18 novembre dernier.
Finalement, les Dirty Pussy prennent petit à petit leur envol tout comme le club de La Rochelle, les Hell'R Cheeky Dolls, créé en septembre 2012 et dont le nombre de membre ne cesse de croître.
3 questions à Mallory alias Sado-Mallo 8Me [hate me/ déteste moi, NDLR] - Fondatrice des Dirty Pussy de Rochefort
Comment êtes-vous venue à ce sport peu connu et médiatisé? Qu'est-ce qui vous a séduuite?
Le roller m'a toujours suivie. J'ai commencé par les quads à 5 ans. J'ai intégré un club à 10 ans. Puis, adolescente, je me suis mise au roller en ligne, aux rampes etc. Aujourd'hui, à 29 ans, le roller me manquait, mais je me suis vite aperçu que les rampes n'étaient plus de mon âge! J'avais donc l'amour du roller en moi. Puis, j'ai vu quelques documentaires sur le roller-derby, quelques vidéos sur Internet, des films aussi. J'avais envie de m'impliquier dans un sport collectif. Alors en voyant tout ça je me suis dit que cette discipline était faite pour moi!
Vous avez été le premier club à naitre dans le département, quelles idées avez-vous pour l'avenir de la discipline, pour le faire connaître?
En mai dernier, les filles d'Angoulême ont organisé une journée découverte, le Michto Day, où tous les groupes formés ou en voie de formation ont été invités. C'est une occasion sympa de se faire connaître. Après, il y a toujours les moyens traditionnels comme les flyers, les affiches, ou encore les journées d'entraînement ouvertes à tous. Enfin, il ne faut pas oublier la finalité même d'une équipe: les matchs...Et c'est bien là la meilleure façon de découvrir le roller-derby!
Si vous deviez décrire votre sport en 3 mots, quels seraient-ils?
C'est difficile en seulement 3 mots... Je dirais trash, girls et rock'n roll. Ca me semble correcte comme aperçu de la discipline.
Si vous êtes motivé(e)s pour être joueuse ou coach, ou si vous avez une structure à proposer, vous pouvez contacter Mallory au 0660148523.
Photo/Reuter/Eric Thayer
- Rochefort - La folie roller derby